Posted On: | 2010-02-09 20:55:21 |
J'avais une jolie cabane de bois que j'avais aménagée au fil des années. Je l'avais décorée et meublée comme il m'y plaisait, hétéroclite mais charmante et douillette. Il y avait des fissures dans les murs, mais je les avais cachées sous les toiles et les ornements. Il y faisait noir, mais j'y avais mis des chandelles pour compenser le manque de fenêtres. J'y étais habituée, c'était mon chez-moi.
Un jour, un loup est venu cogner, je l'ai invité à entrer. C'était un gentil loup, malgré tout. Après quelques temps, il m'a parlé des fissures dans les murs; je lui ai dit que je savais. Il s'est ensuite mis à me montrer les défauts de cette petite cabane où je vivais ; "Les planches de tes murs sont brisées, elles n'ont pas bien été réparées; ton plancher est sur le point de tomber, fais attention où tu mets les pieds; cette porte est coincée tandis que celle-ci ne ferme plus; tes fondations sont pourries, ta maison finira pas s'écrouler et tu risque d'y laisser ta peau ou de te blesser gravement." Il disait vrai. J'ai essayé de la réparer un peu mais elle n'a pas tenu. Le vent a fini par la mettre en pièces. (Est-ce que le loup n'aurait pas soufflé aussi?)
J'ai tenté, à maintes reprises, de reconstruire ma cabane, avec les restants, avec de la paille et quelques briques, mais rien n'y faisait, le vent emportait mes murs et mon toit. Alors, le loup m'a remémoré que mes fondations ne tenaient plus. J'ai essayé de les arracher, de les forcer hors du sol, je m'y suis abimée la peau et meurtris les mains, tentant de les extraire de mes petits doigts en sang, sous les cris de rage et les pleurs de désespoir. J'ai réussi à en défaire quelques morceaux, à y sécuriser les autres, afin d'avoir une base sur laquelle me reposer, un semblant de solidité sur laquelle rebâtir une petite cabane.
J'ai une petite cabane. Les fondations sont branlantes mais il n'y paraît pas. Les murs sont en paille mais je les ai peints en briques, l'illusion est presque parfaite. J'ai peinturé des fenêtres avec un joli paysage, ainsi, lorsque je regarde par la fenêtre, il fait toujours bon dehors, et personne ne voit à quel point in fait noir à l'intérieur. J'ai mis des loquets sur mes portes, afin de ne plus les ouvrir, afin de ne plus sortir.
J'ai une jolie cabane à moi...