2009 June:
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Après la pluie, vient le beau temps. Mais je me suis perdue dans la vallée des arcs-en-ciel. Charmée par leur irrésistible beauté. Je me suis arrêtée au pied de ton spectre magistral, et tu me couvris de ton ombre lourde des secrets de l'avenir et du passé. Tes couleurs vinrent briller sur ma peau jusqu'à l'en tacher pour toujours et chacun de tes respires faisait gronder doucement le sol. Ma main t'était douce et tu aimais à te faire tout petit pour te lover contre moi. Mais le temps vint pour sonner mon départ et, le désir d'un astre pur s'étend bien au delà des forces humaines. Je vécu longtemps dans l'insouciance, avant de sentir ce lien qui nous unissait sous ce contrat muet que tu fis avec la vie, à mon insu. Tu pensais tellement me faire plaisir, tu te souviens peut-être... Tu me fis l'honneur de te dépouiller complètement du vaporeux manteau de l'infini pour te couvrir de la douloureuse étoffe de la chair humaine... Tu voulais tant que je t'aime. Mais les hommes sont traitres et les femmes peureuses. Tu aurais dû craindre tant d'incertitude. Ils m'ont regardée. Ils ont dit «Quelle horreur !» Ils ont dit «Quelle merveille!» Ils ont touché pour ressentir le miracle, mais ils ne comprenaient pas. Ils ne pouvaient entendre les promesses que, caché au fond de moi, inaudiblement, tu murmurais sans cesse. J'aimais à me dire que je n'étais pas seule dans mon esprit. Ainsi, toutes les chansons qui remplissent les sentiers vides de notre imaginaire, je les chantais pour toi. Je pensais les plus belles images pour que ton séjour ne soit qu'un long et magnifique rêve. Et je déversais dans mon ventre un amour tel qu'il effraie certains hommes... Petite chose... Une si petite chose... Qui aurait cru qu'elle me paraîtrait si immense? Je suis désolée. Désolée d'avoir brisé une confiance que j'aurais pu si facilement préserver. Désolée d'avoir pensé que la vie que j,aurais pu t'offrir ne t'aurais pas rendu heureux... Tu portes tous les visages du monde, et de ceux qui n'ont encore jamais existé. Je m'excuse de ne pouvoir te donner autre chose que la mort... La valeur de ce que tu m'as donné ne se compte pas dans l'univers et je garde la cicatrice brûlante de ton passage sur mon cœur. Sans même le savoir, tu t'es finalement mérité mon amour inconditionnel et éternel. Souviens-toi de moi, où que le hasard t'ai propulsé maintenant. Que le nouveau ventre que tu auras choisi te soit aussi chaud que le mien. Puisse une force supérieure te porter furtivement les ondes de mon affection aux heures sombres de tom existence. Puisses-tu sentir un amour de source inconnue qui te sera une force inépuisable pour surmonter les épreuves de la vie. Je crois que j'oserais même demander que l'on te mette sur les chemins de mon futur. Je saurai te reconnaître comme une mère reconnaît le rire de son enfant dans l'effervescence d'une foule. Tu ne comprendras pas pourquoi brille dans mes yeux une telle flamme de culpabilité et à la fois d'euphorie. C'est que je serai seule à voir, cachés derrière tes prunelles, les houleux reflets de ton essence première. Oh, j'en suis sûre, tu seras le plus bel enfant que j'aie jamais vu. Vif, avare de vivre, mue par une insouciance si cruellement douce. Enivrant, magnétique, littéralement troublant de beauté. Fruit de l'effort suprême de la Création à mettre au monde une perle d'être humain parmi les huîtres closes. L'enfant que j'aurais pu porter dans ma propre chair. L'enfant qui aurait été chéri de tous, sauf du plus important. Ton père a quitté ma vie. Son périple vers la sortie fut harassant. Moi, je demeure à ramasser ce qui reste des lambeaux de mon cœur, espérant que quelqu'un d'autre saura se satisfaire d'un si piètre amas de loques sanguinolentes, sporadiquement secouées de quelque regain d'espoir... J'imagine que de là où tu es, tu as pu mieux le comprendre que moi. Il a de ces océans de pensées plus noirs que la nuit. Il est parfois dangereux de vouloir s'y aventurer trop profondément. Cependant, maintenant que je suis seule à alimenter la bougie de ton souvenir, il fait froid dans mon labyrinthe de pierres mortes. Les portes de la vallée des arcs-en-ciel se sont refermées. Le ciel a rabattu une paupière immaculée sur son œil azur et tout est devenu fade. Je pense encore beaucoup à toi, mais je ne pleure plus. Et si malgré tout les larmes viennent, elles arroseront les fleurs que j'ai plantées sur ton chemin dans l'autre monde. Je t'ai laissé voler de tes propres ailes bien plus tôt que les autres mères... Mais je suis allée voir ceux qui parlent aux anges pour m'assurer que tu ne te sois perdu. Les choses leur sont si claires et rien que pour moi, ils ont ouvert les portes de l'univers pour que l'écho de tes pas vienne apaiser mon être éprouvé. Il faut beaucoup de paix et d'amour pour brûler les pages d'une histoire jamais écrite et s'en aller encore, légère et sereine. Mais ce bûché, je l'embraserai pour toi. Pour que sa lumière te porte le message du pardon dont je me fais moi-même l'offrande. Je m'absous de l'issue d'un choix qui me fut octroyé par quelque chose de bien plus grand que nous. Ainsi, je me tournerai vers l'avenir pleine d'une nouvelle force harmonieuse que tu connaîtras aussi petite étincelle éphémère. La vie comporte nombre d'épreuves injustifiables et nébuleuses mais qui sont et doivent être. Elle est complexe et terrible... Mais les plus belles étoiles naissent dans le chaos...
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