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Good [+1]Toggle ReplyLink» beercrack replied on Tue Nov 25, 2003 @ 11:32am
beercrack
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(from 1996 still if not more so relevant today) - G.

Institut d'Informatique
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Internet: village planétaire ou tour de Babel?

Riccardo Petrella: La révolte?

Texte retranscrit par Luc Maris et mis en page par Béatrice van Bastelaer
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WWW : World Wide Web... Après les puces et la souris, l'informatique nous réinvente la toile d'araignée, une toile d'araignée dont, je viens de l'apprendre, nous serions les grenouilles! Une vraie [ WWW...Mais ] pourquoi pas "What Do You Want to Wish?" Formule tautologique, bien sûr, mais significative quand même, en ce qu'elle nous dit que nous voulons quelque chose, et même plus, que nous voulons avoir des désirs.

Cette traduction nouvelle ne me paraît donc pas tellement ridicule car elle donne une bonne idée de la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.

Quoi qu'il en soit, les quelques réflexions que je désire faire devant vous sur les autoroutes de l'information commencent par la rhétorique. La rhétorique à laquelle, d'ailleurs, Philippe Breton vient de faire allusion.

Qu'y a-t-il, en fait, derrière ce battage sur ces autoroutes? Il y a, à mon avis, toute une rhétorique. Et vous le savez, la rhétorique est la science de l'argumentation : faire de la rhétorique, c'est si vous voulez, pour l'orateur, expliquer sa propre légitimité.

Et le premierélément de la rhétorique développée à propos des autoroutes de données, c'est la promesse de l'aventure. On nous dit que nous sommes dans une nouvelle aventure historique de l'humanité. Nous entrons dans une nouvelle société, dans une nouvelleéconomie, dans une nouvelle manière de penser. On nous promet l'aventure... Et qui peut refuser l'aventure? L'aventure est toujours belle! Elle est risquée, parfois, mais le risque en vaut toujours la peine! Il n'y a que les timorés, les paresseux, les imbéciles pour refuser l'aventure!

Et cette aventure nouvelle qu'on nous propose est très importante parce qu'elle est fondée sur une notion de mobilité. Notre civilisation a dépassé, il y a longtemps, la phase du sédentarisme. Nous sommes désormais, depuis des siècles, mobiles. Et on nous annonce aujourd'hui une mobilité multipliée par unénorme coefficient, une mobilité presqu'infinie.

Car le réseau informatique a pour caractéristique qu'on ne sait jamais jusqu'où il peut aller. Il y a vingt-cinq ans, à propos de la croissance, on soutenait qu'il existait une limite que les capacités créatrices de l'homme ne pourraient jamais dépasser. Nous avions en nous la notion d'uneécologie soumise à une espèce d'autorégulation, nous avions en nous l'idée que si on essayait de transgresser cette autorégulation, cela provoquerait la destruction du monde

Mais aujourd'hui,énorme révolution, la mythologie, la rhétorique de la mobilité nous annoncent qu'il n'y a pas de limites aux réseaux qu'on va nous donner. Il y a aujourd'hui six milliards de téléphones; demain, il peut y en avoir quarante milliards, même si nous restons cinq milliards d'habitants sur la planète. Qu'importe! On nous promet l'infini...

L'aventure c'est formidable, la mobilité c'est l'essentiel. Mais ce qui est fondamental, c'est que, nous dit-on, grâce à l'aventure, grâce à la mobilité, une liberté jamais encore connue nous attend.

Aventure, mobilité, liberté... Ce n'est pas par hasard que le Président Clinton et le Vice-Président Gore, Américains, nous proposent d'aller vers l'Ouest. Ils nous rappellent que les routes de l'aventure vont toujours vers le Far West. Et pour les Américains d'aujourd'hui, le Far West, c'est l'Asie. C'est pour cela qu'on prédit maintenant que l'Amérique va conquérir le monde : "Nous avons le pouvoir informatique" disent les Américains, "et il nous permettra d'aller vers un Ouest infini". Et l'Asie, qui va être le grand continent de demain, sera subjuguée, conquise par les Américains. Quant à nous, nous aurons à leur abandonner la direction de cette conquête. Et si nous n'acceptons pas cette dépendance, nous serons simplement tenus à l'écart de l'aventure.

La route infinie vers l'Ouest a, comme objet, la sacralisation de ce qui a fait la société de notre siècle. Elle va sacraliser sous une forme beaucoup plus noble, beaucoup plusélégante, beaucoup plus puissante ce quiétait depuis des décennies le symbole de notre civilisation : la voiture. Car ce n'est pas par hasard qu'on a choisi ce terme "autoroute". Des espèces de voitures circuleront sur ces nouvelles autoroutes, et à ces voitures, tout sera possible, même pénétrer les secrets de la C.I.A., même visiter White House...

Tout sera donc possible avec la voiture populaire des nouvelles autoroutes. On va voir les films, les westerns, on va voir le sexe, on va voir la violence, Perry Mason, Madonna, tout ce que vous voudrez! On vous fournira aussi une Rolls Royce : mais là, vous devrez payer. A vous, les jeunes, on offrira la voiture sportive ou la décapotable. On permettra même le voyage aux familles jusqu'ici sédentaires...

On va aller vite, très vite, où l'on voudra, quand on voudra, avec qui on voudra. Qui pourrait nier qu'en ayant la possibilité d'aller ainsi, très vite, où on veut, quand on veut, avec qui on veut, on va se créer l'espace de liberté le plus grand? Et la plus grande liberté, ce sera la voiture virtuelle : vous pourrez rester dans votre fauteuil, chez vous, et en même temps voyager vers tous les horizons que vous souhaiterez.

Un deuxièmeélément de cette rhétorique, au delà de la voiture, c'est le mariage. La voiture, c'est Los Angeles, c'est la rhétorique américaine mondialisée, le mariage, ce sera Las Vegas.

Quel mariage? Le mariage entre deux piliers quelconques, de ceux qui ont fait notre société d'aujourd'hui : on mariera le téléphone avec la télévision, celle-ci à son tour se mariera avec l'ordinateur, l'ordinateur se mariera avec le livre, le livre se mariera avec le téléphone, etc.

Et c'est ainsi que nous sommes appelés à devenir une nouvelle génération d'hommes, de femmes et d'enfants. Mais bien entendu, quand on parle ici de mariages, il s'agit de mariages numériques qui n'ont pas à être célébrés par l'Eglise et qui ne se contractent pas pour l'éternité mais simplement pour les réseaux infinis. On contracte ces mariages avec des partenaires multiples. Et en naîtront des enfants, partout où on voudra, comme on voudra.

Mariages fantastiques entre téléphone, télévision, ordinateur, livre? On pressent déjà le genre de mariage qu'on va réaliser... Des mariages de guerre : Sony et Philips se marient pour tuer Matsushita qui, lui, s'allie avec Time-Warner ou Murdoch pour détruire Sony et Philips. On va donc reparler de guerre. Il y a quelque temps, c'était la guerre des puces, aujourd'hui, c'est la guerre des vidéodisques, la guerre des multimedias. Un des ministres belges, Elio di Rupo, a dit, il n'y a guère, que le rôle de l'Etat belge dans ce domaineétait de créer un environnement favorable qui permette à Belgacom de s'allier avec une puissante organisationétrangère et de devenir ainsi capable de gagner la bagarre mondiale des télécommunications. L'alliance, le mariage de Belgacom avec "X" n'aura pas d'autre but.

Les familles vont se multiplier... Mais des familles qui se feront la guerre les unes contre les autres. On ne sait pas encore aujourd'hui si le téléphone portable gagnera sa bagarre contre l'ordinateur, on ne sait pas si le satellite dominera la télévision, on ne sait pas si la télévision va tuer le CD-Rom, on ne sait pas si le CD-Rom ne va pas s'allier avec le téléphone pour essayer de tuer la télévision en utilisant par exemple les bases de données des films américains.

Cette rhétorique est extraordinaire, elle est magnifique, elle nous prend, elle ne nous laisse pas le temps de réfléchir. Mais la réalité prosaique est également étonnante.

Prenons la voiture. La réalité, ici, c'est "Wait, please!", l'encombrement. Et les accidents. Il y aura des accidents, beaucoup d'accidents. Avec la voiture réelle, on compte deux cent mille morts par accident chaque année. Combien de morts virtuelles causerons-nous par les accidents sur les autoroutes de l'information?

Il y aura donc une nouvelle mortalité. Comment la définira-t-on? Il y aura des invalides inimaginables : permanents, définitifs, transitoires, des faux invalides. Et peut-être mes compatriotes italiens seront-ils capables d'inventer des invalides à la fois faux et virtuels...

En même temps, comme cela se passe sur des autoroutes, on ne verra plus ce qui est beau, parce qu'on ira trop vite. Et comme sur les autoroutes, on passera à côté de l'essentiel. Les carrefours seront des endroits que l'on s'efforcera de fuir le plus vite possible à cause des encombrements et des accidents. Au lieu d'être des lieux de rencontre, les carrefours seront des endroits dangereux et que l'onévitera.

On détruira les villes. De même que la voiture a suffoqué les villes traditionnelles, les nouvelles techniquesétoufferont les villes cybernétiques.

Mais parlons sérieusement! En réalité, ce qui me fait peur, c'est que ces fameuses autoroutes et ces fameux mariages vont surtout donner naissance, non pas à la World Wide Web, mais à une Mafia financière mondiale.

Et c'est là une des conséquences les plus redoutables que déjà, la société d'information et de communication a eue dans notre monde : la criminalisation de la finance à l'échelle mondiale, la mondialisation du capital financier qui, lui, désormais, sait, veut et peut produire des richesses virtuelles là où il veut, quand il veut, comme il veut, pour qui il veut. Depuis trois ans, le capital financier international a déjà lézardé la démocratie nationale représentative dans le monde, lorsque la Maffia de la spéculation financière a détruit en trois jours le Système Monétaire Européen grâce aux technologies d'information et de communication qui lui permettaient de gérer instantanément plus de mille milliards de dollars dans le monde.

Rappelez-vous! Le système monétaire européen aété voulu pendant plus de trente ans, d'abord par six pays, six gouvernements, six parlements nationauxélus par desélections, orientés par des référendums. Et puis par neuf pays, neuf gouvernements, neufs parlements nationaux. Et puis par douze pays, douze gouvernements, douze parlements nationaux. Partout en Europe, desélections, des référendums se sont prononcés pour ce Système Monétaire Européen. Et puis, il aété tué, ce système, par les mouvements de capitaux rendus possibles par les technologies de communication et avec la complicité de la libéralisation permise par Nixon en 1974.

Et nous assistons en ce moment à une criminalisation grandissante des marchés financiers, à une criminalisation grandissante des mouvements de capitaux. Ne vous étonnez pas si, vous promenant à Bruxelles, vous passez devant un restaurant qui paraît tout à fait prospère malgré l'absence quasi-totale de clientèle : dites-vous que ce restaurant est probablement une officine de recyclage de pétrodollars, d'eurodollars, de narcodollars, de Worldwide Web-dollars, et que sais-je encore?

J'aimerais que ce soir, de mon discours, il vous reste simplement l'idée de cette criminalisation financière mondiale permise par les autoroutes de la communication.
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Mais enfin, malgré tout, ces autoroutes vont être créées. Non pas, comme le dit la prétendue sagesse populaire, parce que personne ne peut arrêter le progrès, mais parce qu'il y a des gens qui veulent ces autoroutes, il y a des gens qui investissent pour ces autoroutes. On a déjà décidé d'investir, pour leur création et leur développement dans le monde, sept cents milliards d'écus au cours des dix prochaines années. Investissements publics et privés confondus, notamment de l'Amérique du Nord, de l'Europe occidentale, du Japon, de la Corée, de Taiwan, Singapour, Hongkong. Sept cents milliard d'écus dépensés en dix ans... Faites un calcul de comparaison avec le produit national brut de la Belgique!

Ces autoroutes vont donc être créées. Mais par qui, comment, pour quel objectif? Là est le problème fondamental, et non pas de savoir si nous aurons de belles ou de mauvaises autoroutes, si nous aurons de bons ou de mauvais mariages. Le problème fondamental est de savoir qui va faire ces autoroutes, pour qui, et pour quoi.

Je voudrais faire ici deux réflexions.

Une première réflexion concerne l'abdication du politique. Ce n'est pas le politique qui prend ici l'initiative. Le politique semble fort en retrait par rapport à l'action du secteur privé et par rapport aux activités des entreprises financières et industrielles.

Le politique donne aujourd'hui l'impression de s'effacer devant d'autres acteurs à qui il laisse la prérogative de définir le but, la finalité des autoroutes de l'information et de la communication.

A côté et, dit-on, au dessus de Clinton et d'Al Gore, il y a les nouveaux, gigantesques et dynamiques industriels américains de l'informatique. Les politiques semblent se contenter de suivre, et de se résigner à ce que d'autres aillent plus vite, parce qu'ils sont mieux organisés.

Apparemment, la politique nationale n'est pas capable de faire ce que fait Matsushita. Apparemment, la politique nationale est incapable de rivaliser avec Time-Warner ou Murdoch.

La politique semble incapable de définir la place de l'intérêt public dans la création des autoroutes de la communication. La politique se veut souveraine, nationale, indépendante mais elle n'arrive plus à définir ce que doit être le bien commun dans des autoroutes de l'information qui se veulent sans frontières, sans limites, mondialisées.

La réponse à la question de savoir où est le bien public, où est l'intérêt commun est pourtant donnée dès à présent, mais c'est une réponse qui nous est imposée par le secteur privé. Quant au politique, il se contente de feindre d'avoir apporté une réponse. Une réponse dont on trouve les éléments dans le rapport Bangemann : " ...il faut laisser les marchés guider les sociétés européennes vers la société d'information; il faut se mettre à l'écoute des besoins des entreprises; il faut savoir entendre de quoi les entreprises ont besoin pour pouvoir se doter des outils les plus efficaces et être ainsi compétitives sur les marchés mondiaux".

Récemment, en février 1995, à la réunion exceptionnelle du G7 sur la société de l'information et de la communication, alors que tous les Européens, comme les Japonais, comme les Américains, attendaient de savoir de leurs hommes politiques ce que serait la société de l'information et quelle orientation elle allait prendre, le premier événement de ce sommet a été une table ronde entre industriels et financiers auxquels les hommes politiques demandaient : "Dites-nous ce que sont les tenants et les aboutissants de la société de l'information. Et ensuite, ce sera à nous, les politiques, de mettre en pratique et d'essayer de réaliser ce que vous, les industriels, aurez défini dans cette réunion préliminaire".

Ce n'est pas par hasard qu'au terme de ce G7, les politiques ont décidé : "Oui, entreprises, nous allons libéraliser, nous allons déréglementer, nous allons privatiser. N'ayez pas peur, il n'y aura pas de financement public, il n'y aura pas de définition de l'intérêt public. Allez-y! Faites ce que vous voulez, là où vous voulez, quand vous voulez, comme vous voulez, pour qui vous voulez. Et que Dieu vous bénisse..."

L'abdication du politique est un fait. Ce n'est pas, de ma part, une critique exagérée. L'abdication est bien réelle.

La deuxième réflexion que je voudrais faire, en ce qui concerne l'autre problème, le problème de savoir qui va créer ces autoroutes, pour qui, pour quel objectif, cette deuxième réflexion porte sur une évidence : petit à petit, chacun de nous se retrouve en difficulté croissante de définir ce qu'est le social. Nous sommes en train, petit à petit, de perdre la notion de ce qu'est la société.

Bien sûr, Mrs Thatcher a déjà répondu : "Il n'y a pas de sociétés, il n'y a que des marchés. C'est un leurre de croire qu'il y a des sociétés". Et déjà beaucoup de gens, dans le monde adhèrent à cette conception qu'il n'y a que des marchés. De plus en plus, on se pose la question : "Y a-t-il un fait social? Qu'est-ce que c'est que le fait social?"

Il y a quelques heures, je donnais une interview à une journaliste d'un nouveau journal italien. Et je lui expliquais mon inquiétude devant cette emprise du marché, devant ce manque de considération pour l'intérêt public, cette absence de dimension sociale. Et elle m'interrompait : "Mais qu'entendez-vous par "social"? Qu'est-ce que c'est, le "social"? Que voulez-vous, en définitive? Vous voulez le communisme, le stalinisme?"

Cette difficulté d'appréhender le social nous est venue du fait que tous, nous nous sommes, petit à petit, placés dans la dimension du parcours individuel : ordinateur individuel, voiture personnelle, carrière personnelle, liberté individuelle... Itinéraire personnel.

Il n'y a plus de communauté. Les auteurs du rapport qui a conclu le Sommet Mondial de Copenhague sur le Développement Social ont reconnu qu'ils n'avaient pu se mettre d'accord sur la notion de communauté, qu'ils n'avaient pas pu définir ce qui est communautaire.

Chacun désormais, dans notre monde, lutte contre chacun pour survivre. La définition du social devient ainsi de plus en plus difficile. Dans un monde où tout se mondialise, il n'y a plus de procédure qui permette de se mettre d'accord sur les règles du jeu, qui permette de définir la politeia, la politique.

Nous n'arrivons plus à imaginer ce processus dans lequel je suis avec toi, je vais coexister avec toi, je vais me développer avec toi, je vais finir avec toi. Désormais, nous acceptons, tous, cette perte d'identité. Nos villes ne sont plus des agoras, ne sont plus des lieux d'appartenance, des lieux qui créent une communauté, une identité.

Et nous acceptons cette évolution comme une donnée inévitable. Et la seule chose qui nous reste à faire, c'est quitter nos villes, fuir nos villes et nous réfugier dans ce réseau fantastique sans fin où chacun a le pouvoir d'aller où il veut. Les villes sont abandonnées. De plus en plus, on y crée des ghettos. Même à Bruxelles, il y a désormais des quartiers où les gens ne vont plus. Un prêtre que ces problèmes préoccupent me racontait, il y a quelques jours, qu'en cinq ans, il a connu personnellement cent cinquante-huit jeunes de moins de dix-huit ans qui n'ont plus de foyer, plus de famille, plus d'école, qui sont tombés dans la drogue et la violence. Et pendant ce temps-là, nous allons vers les autoroutes mondiales de la communication, nous allons vers cette ville mondiale, nous allons, sans but bien déterminé, vers cet espace infini. Et nous restons incapables de définir la place du social dans cette évolution.

Quand les Américains parlent d'espace social, de "cyberspace", ou de "social cyberspace", ils entendent par là, uniquement, les possibilités d'interaction : "De votre domicile à Los Angeles, vous pouvez voir les tableaux du Tintoret". N'importe qui, à Los Angeles peut voir les tableaux du Tintoret. Quelle réalisation magnifique! Oui... Mais à Los Angeles, chacun essaie de s'enfermer, de se protéger par des sécurités électroniques et des miradors pour empêcher le voisin, le prochain, d'approcher et d'entrer en contact pendant qu'on regarde les tableaux du Tintoret! Et on n'a aucune envie, pas la moindre envie de rencontrer ces gens qui habitent la maison voisine.
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Bien! Mais que peut-on proposer?

Moi, ce que je vous propose, face à cette évolution, c'est, d'abord, de vous révolter.

La révolte! Nous sommes en train d'être, tous, trop passifs. On laisse passer les conclusions du G7 sur l'évolution de la société sans qu'il y ait la moindre révolte.

Puis-je demander au Père Recteur, auquel m'unit une réelle amitié, héritée de celle qui me lie à Jacques Berleur, aujourd'hui à Chicago et auquel nous pensons tous, puis-je demander au Père Recteur si les Facultés de Namur ont provoqué un débat sur le G7, si l'Institut d'Informatique a été le lieu d'une révolte contre ce G7?

Une révolte pacifique, bien entendu, d'amour même, de respect vis-à-vis des politiques qui ont participé à ce G7.

Pourquoi n'y a-t-il pas eu un tel débat? Pourquoi n'y a-t-il pas eu de débat à la Commission Européenne? Il y a eu des propositions, bien sûr. Des rapports ont été écrits par des technocrates qui, je pèse mes mots, sont incapables de définir aujourd'hui ce qu'est l'intérêt public européen, qui sont incapables de dire ce que deviendra le social européen dans les technologies futures d'information et de communication.
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