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Title:Pour une réhabilitation des psychédéliques
Posted On:2009-07-01 19:59:26
Posted By:» PsychedelicMasta
Views:2210
Pour l’observateur attentif il est évident que les psychédéliques ont une relation étroite avec le développement de la conscience et de la spiritualité chez l’être humain. Ils représentent un des aspects de notre symbiose avec le niveau végétal. C’est à l’équilibre de la biosphère que nous devons notre existence et les psychédéliques nous branchent directement sur cette sagesse végétale. Utilisés intelligemment et avec respect, ils nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement de la psyché et d’envisager le soulagement de maux qui ravagent l’humanité. Ils ne sont pas LA solution, mais plutôt UNE solution.


Malheureusement, il règne présentement dans notre culture une incompréhension fondamentale des psychédéliques qui ne rend pas justice à leur enseignement et à leurs aspects bénéfiques. Ce qui doit être compris le plus tôt possible c’est que la majorité des psychédéliques ne comportent virtuellement aucun risque de dépendance ou de toxicité physiologique, contrairement à des drogues telles la cigarette, l’alcool, la cocaïne et l’héroïne.


L’ignorance est ce qui maintient la race humaine dans la souffrance et l’antidote de l’ignorance est l’éducation. Cet essai a pour but de réhabiliter les psychédéliques en les replaçant dans une contexte plus juste et objectif. Cet essai est un enseignement destiné à donner une appréciation plus juste des cadeaux qu’ils ont généreusement offerts à l’humanité.

1. Définitions
2. Historique
3. Ethnobotanie
4. Spiritualité
5. Psychothérapie
6. Conclusion


1. Définitions


PSYCHÉDÉLIQUE [psikedelik]. adj. (1967; angl. psychedelic; du gr. psukhê [Cf. Psyché 2], et dêlos «visible, manifeste», proprem. «qui manifeste la psyché»). 1 Psychiatr. Se dit de l'état psychique résultant de l'absorption de drogues hallucinogènes. - Qui provoque cet état. Drogues psychédéliques. 2 Cour. (repris à l'amér.). Qui évoque les visions de l'état psychédélique. Dessins, éclairage, spectacle psychédélique.
-Petit Robert, 1991


C’est Humphry Osmond qui, en 1967, inventa le mot psychédélique.
Le terme enthéogène - littéralement ‘qui éveille la divinité intérieure’ - est apparu en 1979 en réaction au fait que le mot psychédélique commençait à être contaminé par association avec des groupes révolutionnaires et déviants et la culture pop des années ‘60.
L’étude contemporaine des plantes enthéogènes est définie comme l’ethnobotanie ou enthéobotanie.
Les psychédéliques sont des substances ou préparations naturelles: champignons (Amanita muscaria, S. Cubensis), plantes (peyolt, san pedro, gloires du matin, datura, iboga, Salvia divinorum, Ayahuasca) ou synthétiques: LSD, LSA, DMT, etc.

2. Historique


Depuis des milliers (peut-être des millions) d’années sur cette planète, l’humanité a eu une relation symbiotique avec les plantes. L’ethno-mycologue R. Gordon Wasson a suggéré que l’ingestion accidentelle d’une plante hallucinogène, probablement un champignon, a constitué la première expérience spirituelle chez l’être humain et a directement mené à la formation du concept de divinité et du supernaturel.
La relation de l’humanité avec les psychédéliques et les mythes les entourant est aussi ancienne qu’universelle, ils furent décrits dans toutes les cultures indigènes comme des dieux, des protecteurs, des guides, des alliés et des professeurs. Dans un sens évolutionnaire, les psychédéliques, incorporés dans la diète humaine, ont manipulé l’ADN humain depuis des milliers d’années. Ils sont donc responsables d’uniques contributions à notre héritage génétique.
Dès 3500 B.C., des fresques de chamans dansant en tenant des champignons, en présence de bétail blanc, furent peintes sur les surfaces rocheuses du plateau Tassili en Algérie du Sud. Plusieurs historiens ont aussi trouvé des évidences de l’utilisation de l’ergot de seigle ou de champignons psylocibes dans les rituels Eleusiniens et Dionysiaques des anciens Grecs entre 1100 et 400 B.C.. Des pierres en forme de champignons, datant de 300 à 500 B.C., furent découvertes au Guatemala. Des fresques contenant des dessins de champignons datant de 300 A.D. furent découvertes au Mexique indiquant l’existence de cultes psychédéliques à cette époque.
C’est R.Gordon Wasson qui redécouvrit en 1927 l’utilisation rituelle des champignons magiques à Oaxaca en Amérique Latine. En 1955, Wasson et Allan Richard furent les premiers américains à assister à un rituel et à y manger des champignons. Les champignons furent pris sous la supervision de Maria Sabina, une guérisseuse Mazatec. Mais c’est la publication du livre de Wasson (Mushrooms, Russia, and History), en 1957, qui précipita l’intérêt du publique pour ce type de rituel.
En 1938, le chimiste suisse Dr Albert Hoffmann, synthétisa le LSD-25 et en 1943 en découvrit les effets psychédéliques. Il le distribua ensuite rapidement à des psychologues et psychiatres pour en examiner le potentiel pour la compréhension ou le traitement des désordres mentaux.
À partir des années ‘50 des écrivains et poètes, Aldous Huxley, William Burroughs, Allan Ginsberg, Carlos Castanedas, et d’autres personnalités comme Dr Timothy Leary et Dr Richard Alpert firent pénétrer les psychédéliques dans les universités puis ensuite dans la culture populaire.
En 1966, le gouvernement des États-Unis, terrorisé par la puissante réaction, rendit la majorité des psychédéliques illégaux. Il utilisa toutes les forces physiques, financières et politiques en son contrôle pour répandre la peur et discréditer les vertus des psychédéliques, et ce, malgré les études démontrant leur potentiel positif et la relative sécurité reliée à leur utilisation.
Cette répression eut pour effet de faire descendre le LSD sur marché noir et les années suivantes virent naître un mouvement psychédélique d’un dynamisme libérateur.
En 1967, ZAP COMIX fit connaître Richard Crumb, Robert Williams et Rick Griffin. Plusieurs peintres furent influencés par les visions provoquées par les psychédéliques: Robert Venosa, Vali, Vassarelli et Pablo Amaringo, etc.
En 1968, une nouvelle génération s’éclate à Woodstock au son des Greateful Dead, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jefferson Airplane, Santana et plusieurs autres. Les Beatles se mettent au LSD avec Yellow Submarin et les Doors ouvrent les portes de la perception.
En contrepartie à ce renouveau artistique, pratiquement toutes les recherches scientifiques furent arrêtées. Dr John Lilly réorienta sa carrière pour approfondir ses recherches sur les dauphins et son invention - le caisson d’isolation. Dr Stanislav Grof, un des chercheurs les plus actifs dans l’étude du LSD, inventa la Respiration Holotropique, une technique permettant d’atteindre des états similaires à ceux atteints grâce aux psychédéliques.
Un des seuls à conserver son permis pour produire des psychédéliques fut Dr Alexander Shulgin, chimiste génial à qui l’on doit la découverte du MDMA et de plus de deux cents autres substances. Il dut malgré tout garder clandestines les expérimentations de ses nouvelles inventions avec un groupe d’amis proches jusqu’au moment où, trop vieux pour ce type de recherche, il les mit par écrit, avec Ann Shulgin, dans leurs célèbres livres PHIKAL et THIKAL. Dans ces livres on peut aussi trouver les recettes des psychédéliques qu’il a inventés.

Depuis le début des années ‘90 nous vivons une seconde vague de recherches sur les psychédéliques. Moins extravagante, elle se veut plus constructive et scientifique.
De 1990 à 1995, Dr Rick Strassman (DMT, the spirit molecule), psychiatre de l’Université de New Mexico, a obtenu les autorisations nécessaires pour étudier les effets du dimethyl-tryptamine (DMT) sur l’être humain.
Heffter Research Institute (HRI) et MAPS (Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies), sont des organisations de recherche et d’éducation à but non-lucratif. Ils assistent les scientifiques à concevoir, financer et obtenir les approbations pour et faire des rapports sur les études des risques et bénéfices du MDMA, des substances psychédéliques et de la marijuana.
Marc Emery, activiste et président du British Colombia Marijuana Party (BCMP), fait tout pour aider à la légalisation du pot et des psychédéliques. En effet, en plus de travailler au niveau politique, son organisation finance et met en ligne un site internet avec des archives audio et vidéo accessibles gratuitement (nouvelles, conférences, ateliers et événements spéciaux, etc.). On peut, entre autres, y visionner Entheogenesis, conférences annuelles ayant pour invités les intervenants les plus importants dans le domaine des enthéogènes.
Le BCMP a aussi financé et aidé à la mise en fonction du Iboga Therapy House, qui utilise l’ibogaïne pour aider à guérir la dépendance à des substances comme l’héroïne, la méthadone, la cocaïne, le crack, l’alcool et les méthamphetamine.


Cette réhabilitation des psychédéliques, que McKenna appelle Renouveau Archaïque, favorise la convergence de plusieurs domaines tels l’ethnobotanie, la spiritualité et la psychothérapie, vers une vision intégrale de l’être humain.

3. Ethnobotanie


L’ethnobotanie est un phénomène en effervescence aujourd’hui. En effet, avec la quantité et la qualité d’information disponible aujourd’hui il est possible d’étudier et de faire pousser une très grande variété d’enthéogènes.
L’ethnobotaniste amateur peut apprendre à reconnaître les plantes psychédéliques, par exemple les Gloires du Matin, les champignons et la Datura poussent partout, il suffit de savoir les reconnaître pour s’en procurer gratuitement. Et avec un minimum d’effort on peut aussi faire pousser champignons et marijuana chez soi.
Sur Internet, on peut commander des enthéogènes directement de leur pays d’origine et échanger de l’information. Des sites comme Erowid contiennent de l’information claire et précise, des trucs, conseils, recettes, etc.
Dans des boutiques spécialisées en ethnobotanie on peut acheter, et ce légalement, de puissants psychédéliques tels San Pedro, Salvia, Iboga et Ayahuasca.

Tant et aussi longtemps que les substances synthétiques seront illégales, il est plus sécuritaire de se tourner vers l’ethnobotanie, ce qui élimine la paranoïa et maximise les chances de vivre une expérience positive et enrichissante.

4. Spiritualité


Les enthéogènes furent utilisés comme des outils spirituels depuis l’origine de l’humanité; les théories les situant à la genèse des religions et des traditions spirituelles gagnent de plus en plus de crédibilité.
Les traditions religieuses ont utilisé les psychédéliques comme une aide matérielle aux pratiques religieuses et sacramentales. Par exemple, les Védas, les plus vieilles écritures sacrées sur terre, parlent du Soma, un élixir fait à base du champignon Amanita muscaria ou S.Cubensis. En Inde, Patanjali cite le yoga d’herbe contenant de la lumière comme étant une voie valide sur le chemin de l’illumination. Plusieurs religions indigènes d’Amérique utilisent le peyolt, les champignons, la datura et les gloires du matin. Le ayahuasca est utilisé au Pérou et au Brésil pour communiquer avec les dieux et garder la communauté en santé. Les Rastafari utilisent la marijuana de manière journalière.
L’utilisation spirituelle de telles substances soulève encore aujourd'hui des débats dynamiques. En effet, depuis les années ‘60 de plus en plus de gens sont menés au bouddhisme par une expérience transcendantale catalysée par un psychédélique. Une des recommandations de Bouddha est de ne pas abuser d’intoxicants. Certains croient qu’il ne faut pas prendre d’intoxicant, ils pensent que l’on devient prisonnier de ce type d’expérience, et l’expérience n’est pas la non-expérience recherchée par le bouddhisme et le zen. D’autres croient plutôt qu’il ne faut pas abuser des intoxicants, le chemin du milieu.
Il est pourtant indéniable que le bouddhisme devra dorénavant vivre en symbiose avec les psychédéliques. En effet, le LSD nous catapulte au-delà de nos structures conceptuelles. Il nous dégage. Il passe outre notre habitude de s’identifier avec nos pensées et nous met dans un mode non-conceptuel très rapidement. Les états mystiques atteints grâce aux enthéogènes sont tellement similaires à ceux atteints par des méthodes traditionnelles (comme la méditation) qu’il est impossible de les différentier. Voici une des rares citations où Ken Wilber fait référence aux psychédéliques:
“Si l’on regarde les données de Stan Grof où celles des gens qui font une série de sessions psychédéliques intenses dans le bon endroit et dans le bon état d’esprit, ce que l’on trouve c’est que certaines, et non pas toutes, mais certaines personnes vont avoir l’expérience de l’état causal pur, un One Taste, une véritable expérience de l’état de samadhi, et c’est ce qui fait que cela en vaut la peine.”

5. Psychothérapie


Jean Gebser fut le premier à remarquer la structure intégrale de la conscience humaine, ce qui a permis le développement d’une nouvelle branche de la psychologie: la psychologie transpersonnelle. Celle-ci étudie les états non-ordinaires de conscience: phénomènes parapsy, transe, méditation, expériences paroxystiques et le psychédélisme. D’autres thérapeutes et penseurs tels Dr Abraham Maslow, Carl G. Jung et Ken Wilber sont ensuite venus enrichir le transpersonnel qui forme présentement la quatrième force de la psychologie, les trois premières étant béhavioriste, psychanalytique et humaniste.
Le potentiel bénéfique des psychédéliques, employés consciencieusement par des professionnelles, est indéniable dans le domaine de la psychothérapie. Des recherches cliniques ont démontré que les psychédéliques sont utiles pour le soulagement de l’alcoolisme, l’abus de et la dépendance aux drogues, les problèmes relationnels, la récidive criminelle, le stress post-traumatique, la dépression, le désordre obscessif-compulsif. Ils sont aussi d’une grande aide pour la psychothérapie du cancer en phase terminale, la stimulation d’états méditatifs et le déclenchement d’expériences mystiques.
Plusieurs thérapeutes ont subrepticement utilisé les psychédéliques, malgré leur illégalité. Une fois qu’ils eurent découvert l’efficacité de telles substances, ils ne purent pas, en toute bonne conscience, refuser un moyen aussi efficace de traitement à leurs patients, malgré le risque d’incarcération. On pense ici à Alexander et Ann Shulgin, Ralph Metzer, Richard Alpert et Dr Timothy Leary, pour ne nommer qu’eux, car la liste est longue. Une des conséquences malheureuses d’une telle situation est que les expériences et résultats ne peuvent être publiquement partagés, ce qui prive autant le publique que les professionnels d’une grande masse d’informations précieuses.


Les enthéogènes, utilisés dans le contexte approprié, par des individus qualifiés, avec un but convenable, avec des dosages appropriés et avec l’état intérieur propice, manifestent un grand potentiel pour soulager les différents types de souffrance générés aux différents niveaux existentiels de l’être humain. Ils facilitent l’émergence d’états élevés de conscience, états qui par la suite sont intégrés dans la totalité de la personne qui en fait l’expérience ainsi que dans sa vie quotidienne.
En dissolvant la ferme prise du mental logico-rationnel sur la perception de la réalité, les enthéogènes précipitent, d’un côté, l’apparence et l’observation de contenus s’élevant des niveaux pré-personnels, et d’un autre côté, l’apparence et l’observation de contenus s’élevant des niveaux transpersonnels.
Une exigence majeure pour obtenir une expérience enrichissante est l’honnêteté, en autant que l’on soit prêt à confronter et résoudre n’importe quelle sensation inconfortable ressentie à travers une telle confrontation, un apprentissage d’une grande valeur prend place. Une des causes majeures d’inconfort lors d’une séance psychédélique est la tentative par le sujet de maintenir une image de lui-même qui n’est pas en harmonie avec son Moi authentique. Plus l’investissement dans l’image créée est grand - et conséquemment, plus la répugnance envers le changement est grande - plus grand est l’inconfort. La disparité peut être si grande et douloureuse que le sujet emploie des épisodes psychotiques pour fuir l’inconfort. La volonté de s’abandonner à l’expérience et de permettre une résolution du conflit résulte souvent en un apprentissage d’une grande valeur à propos de sentiments réprimés, valeurs cachées, compulsions et aspirations, et comportements inappropriés. En plus, comme le matériel psychique réprimé est déchargé, l’essence intérieure de notre nature transpersonnelle peut se manifester. Cela peut mener à des réalisations profondes et extatiques de notre vraie nature, ainsi que celle du cosmos.
À l’intérieur de chacun d’entre nous il y a un auto-guérisseur, c’est ce que les psychédéliques essaient de nous dire. Utilisés avec prudence et sagesse ils nous permettent de mieux comprendre la réalité et d’évoluer.

6. Conclusion


Depuis le début de l’histoire, l’homo sapiens a négligé sa relation avec la biosphère, mettant ainsi en danger la stabilité de celle-ci et la survie de toutes les autres espèces qui la rendent si riche. Nous vivons présentement un des moments les plus importants de l’évolution humaine. Si notre attitude ne change pas radicalement, rien n’empêchera notre autodestruction. Le surpeuplement rend la situation critique; pollution, crises, souffrance, injustices, rongent l’humanité tel un cancer.
Comme il est suggéré au début de cet essai les psychédéliques ne sont pas LA solution, mais plutôt UNE solution à cette problématique. Ils peuvent être utilisés afin d’augmenter notre niveau de conscience et notre compréhension de la réalité. Ils peuvent aussi être utiles pour retrouver une saine spiritualité sans dogme ni intermédiaire et pour nous guérir d’une multitude de maux.
Il est impératif de décriminaliser les psychédéliques afin qu’ils reprennent leur place parmi nous. Ils ont toujours fait partie de notre culture, et ce malgré le fait que cela est invisible à la majorité des gens. Il est donc plausible de croire que les psychédéliques vaincront tôt ou tard les tabous, la prohibition et l’ignorance et sauront à nouveau être appréciés et respectés à leur juste valeur.



“La qualité de la rhétorique émanant de la communauté psychédélique doit s’améliorer radicalement. Sinon, nous allons perdre la réclamation de notre droit de naissance et toutes les opportunités pour explorer la dimension psychédélique seront fermées.”
-Terence McKenna
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