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Title:L'enfant et le dessin
Posted On:2008-02-18 20:51:10
Posted By:» LuNe
Views:3292
Dans le cadre de mon cours PEF1005 – les compétences de l’enfant 0-5 ans, on nous a demandé d’effectuer une recherche qui me permettrait d’approfondir une notion à partir d’au moins deux auteurs. De discuter des liens et des différences entre les apports de ses deux auteurs et d’évaluer la pertinence de ses informations pour modifier mon attitude et mes interventions futurs auprès des enfants. Ce travail a été pour moi un défi très intéressant. J’ai choisi le dessin d’enfant car je n’avais pas vraiment de connaissances sur le sujet et j’avais envie d’apprendre quelque chose de nouveau. Au début je me suis sentie un peu dépassé je feuilletais les pages des livres de Varenka et Olivier Mark ainsi que de Philippe Greg et je me disais que je n’y comprenais rien, puis petit à petit la lumière se fit. J’ai appris quelque chose qui fait de moi une meilleure observatrice et une éducatrice plus compétente.

Varenka et Olivier Mark (1ère édition 1992) « Premiers dessins d’enfants, les tracés de la mémoire ». NATHAN, Paris, France, p.p.54-86.

L’image du corps, l’acquisition du schéma corporel. Les auteurs disent que peu à peu l’enfant en vient à boucler un cercle. Il joue avec ses éléments et c’est un signe qu’il est à la recherche d’une organisation spatiale et que dans son esprit l’image de son corps, unique et séparé du reste du monde est intégré. L’enfant sent et ressent tout avec une acquité bien souvent externe. Par ses dessins il nous apprend qu’il perçoit des lieux du corps auxquels nous ne portons généralement pas attention. Des lieux où se manifeste l’énergie psychique et dans ses dessins il va se servir de ce qu’il voit pour se représenter ce qu’il sent. Lorsque l’enfant est en pleine acquisition de son schéma corporel, il commence à dessiner des « L ». Ce « L » représente une ligne verticale et une horizontale et elle indique deux directions, deux tensions dans le corps. Une qui se dresse, qui s’épanouie et une autre qui est comme liée à la terre, qui maintient dans son attraction. Lorsqu’il commence à dessiner des croix, on se rend compte qu’il découvre les opposés : haut, bas, gauche, droite et elle apparaît lorsque l’enfant se spatialise. La découverte de l’intérieur de son corps semble d’une grande importance pour l’enfant. La découverte de son extérieur, il le doit à sa mère et à ses bons soins. Pour percevoir son intérieur, il a l’air et la nourriture. On se rend compte que lorsqu’il commence à découvrir cet intérieur, il commence aussi à dessiner des maisons avec une route qui part de la porte et s’arrête tout court. Le rond c’est la première image symbolique de la personnalité de l’enfant qui permet de différencier le dedans du dehors, de regarder en soi et hors soi, de voire le monde extérieur comme différent de soi. On peut dire que le cercle fermé est la manifestation d’une identité personnelle ou l’aboutissement d’une séparation bien réussie. Lorsque l’enfant dessine des points répété sur une feuille, c’est la projection d’un rythme qui signe une présence. Dans un espace fermé, ce sont ses battements, son rythme, dans son enveloppe. Plus il est bercé plus le bébé devient conscient de lui-même. Le bercement a un effet différenciateur et apaisant qui l’unifie. Il explore et s’empare rythmiquement de l’espace. Il unit le dedans et le dehors. Il insiste aussi sur le fait qu’utiliser et interpréter le dessin d’un enfant en son absence et sans lui demander ce qu’il a représenté est tout à fait inadmissible, que c’est voler quelque chose à l’enfant.
Philippe Greg (1ère édition 2000) « L’enfant et son dessin, naissance de l’art et de l’écriture ». Éditions Érès 2003, p.p35-62.

Philippe Greg dit que lorsque l’enfant représente une figure fermée, c’est un modèle absolu de l’identité. Séparer pour mieux individualiser. Autour de trois ans il commence à dessiner des figures à la fois contenantes (fermées), et rayonnantes. Ses diverses figures n’évoquent pas encore un visage et les rayonnements n’ont parfois pas de rapport avec des membres humains mais on se rend compte qu’il y a une certaine projection du schéma corporel. L’enfant est entrain d’authentifier son image corporelle. Plus l’enfant va acquérir de la maturation physique et intellectuelle plus ses bonhommes seront réalistes et complexes. Les efforts que l’enfant va mettre à la fermeture du rond soulignent l’intensité de son besoin de limite entre un intérieur et un extérieur. C’est la structure de base de la représentation des êtres et des choses. L’enfant au début est indifférent à l’équilibre dans l’espace lorsqu’il dessine mais plus l’organisation spatiale se développe plus on voit une amélioration. On peut aussi observer que l’enfant exprime une synthèse psycho-affective de l’attachement liée à ce que représente la figure fermée, rayonnante et ou contenante. Le progrès de la personnalité et du graphisme exige ensuite la maîtrise de la « forme rapportée », lorsque le trait s’écarte d’une figure bien délimitée pour y revenir en s’appropriant du même coup un peu de l’espace extérieur. C’est le modèle d’une intériorisation en même temps que d’une expansion de soi. La structuration du dessin de personnage avec tête et corps est un progrès décisif pour le schéma corporel. Lorsque l’enfant commence à dessiner des maisons, retrouver le visage après avoir établi le lien essentiel entre cette figure et la maison apporte une compréhension à l’aspect « visage » de la maison, qui est fait d’une compulsion des enfants à la représenter avec une porte à la place de la bouche et deux fenêtre à la place des yeux. L’auteur apporte aussi un bémol sur les éducateurs ou professeurs qui entre trois et cinq ans qui favorise des activités où l’enfant doit réunir par un trait des couples d’images de même thème ou de même couleur. Il dit qu’effectivement c’est un premier apprentissage du double contrôle et que d’entourer des images sont des prétextes habituels pour exercer à la fermeture du rond, que c’est un bon apprentissage pour la précision mais que ce n’est pas une éducation pour la conception. Est-ce que l’éducation est seulement une assimilation où l’enfant doit apprendre à reproduire quelque processus bien décomposé? N’y a-t-il pas un danger à valoriser la copie d’un modèle plutôt que l’élaboration personnelle et la réalisation concrète plutôt que le processus de pensée et d’expression?

Après avoir réfléchie longuement sur ce que les auteurs avaient écrit, je les ais comparés et j’ai observé que bien que leur approche soit différente l’une de l’autre, leur contenu se rejoint et se complète. Philippe Greg utilise une écriture plus technique, Varenka et Olivier Mark utilisent une écriture plus imagée et abstraite selon moi. Tous s’entendent pour dire que Lorsque l’enfant de trois à cinq ans est capable de tracer une forme fermée c’est un signe qu’à l’intérieur de lui, il est entrain de se former une image mentale de son corps à l’intérieur de lui et à l’extérieur de lui. Il se voit comme un être à part entière et séparé de tout ce qui l’entoure. Varenka et Olivier Mark parlent du rythme de l’enfant, Philippe Greg n’en parle pas. Tous aussi s’entendent pour dire que l’enfant durant cette période l’enfant différencie le dedans du dehors, des êtres vivants et des choses. C’est une période importante durant le développement de l’enfant car il se sépare d’avec sa mère et devient une personne à part entière. Lorsqu’il dessine des maisons, il se dessine aussi en quelque sorte et plus l’élaboration est complexe, plus l’intériorisation du schéma corporel est avancée dans l’intellect de l’enfant. Utiliser les dessins des enfants n’importe comment est déconseillée par tous aussi. Interpréter un dessin sans l’enfant ou sans sa permission est un acte inadmissible. Imposer des modèle de dessin à l’enfant n’est pas recommandable non plus car en plus de brimer la créativité de l’enfant c’est comme le surstimuler et le faire avancer plus vite qu’à son rythme.

Ce travail m’a amené à beaucoup réfléchir. Je dois dire que j’ai adoré ce que ça m’a fait prendre conscience. Au début, je ne savais pas comment je pourrais devenir une meilleure éducatrice avec ce nouveau savoir. À la garderie, en fin de journée je suis avec un groupe d’enfants de 3-4 ans alors je me suis mise à observer attentivement les dessins qu’ils faisaient pour voir ce que j’allais apprendre. Je me suis rendue compte qu’effectivement ils étaient tous entrain d’expérimenter les ronds, les points, les lignes. J’en fus impressionné, ce que j’avais lu dans ses deux livres, je pouvais l’observer sur les feuilles gribouillées de mes enfants. J’ai poussé ma réflexion encore plus loin car je voulais trouver une façon de les aider à acquérir une image interne d’eux-mêmes tout en respectant leur rythme et en n’utilisant pas leur dessins d’une façon inadéquate. J’y ai réfléchit à la garderie, dans le métro, dans mon lit le soir avant de me coucher, j’essayait de faire des liens entre ce que j’observait à la garderie et ce que j’avais lu et un jour que je marchait dans un corridor, une petite fille est passé avec à la main un dessin d’une forme fermée, remplie de petits points. Et je fut frappé d’une idée! Elle avait dessiné son rythme! Alors je me suis dit que pour aider mes enfants à acquérir leur schéma corporel et prendre conscience des limites de leur corps dans l’univers je pouvais les aider à évoluer en organisant des jeux où ils doivent utiliser leur corps dans l’espace. Jeux de rythme, chansons de gestes sur le corps, les aider à exploiter le plus possible toutes les parties de leur corps dans l’espace et de prendre conscience de ce corps. J’ai pensé qu’en les amenant à exploiter leur corps, j’allais contribuer à l’évolution de l’image mentale qu’ils en ont et que leurs dessins allaient devenir plus complexes et qu’ainsi j’allais pouvoir observer l’évolution de l’acquisition de leur schéma corporel à travers leurs dessins.

Voilà qui conclu ce très intéressant travail. Cette recherche m’a fait beaucoup réfléchir et j’ai trouvé ce travail très intéressant et stimulant. Je suis partie d’une notion dont j’ignorais presque tout, et j’en ressort avec une corde de compétence de plus à mon arc d’éducatrice. Je ne pensais pas qu’à travers les dessins d’enfants je pourrais voire et comprendre ce que j’ai vu et compris. Au début je ne voyais pas comment utiliser ses nouvelles connaissances pour aider mes enfants à s’épanouir harmonieusement dans leur développement et à force de réflexions et d’observation j’en suis venue selon moi à une très bonne idée.










Bibliographie

Varenka et Olivier Mark (1ère édition 1992) « Premiers dessins d’enfants, les tracés de la mémoire ». NATHAN, Paris, France, p.p.54-86.

Philippe Greg (1ère édition 2000) « L’enfant et son dessin, naissance de l’art et de l’écriture ». Éditions Érès 2003, p.p35-62.
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