Les premières effluves de guitare sonnent, il y a de la tension dans l’air. Un désir, un plaisir naissant croît en nous comme un germe envenimé . Les corps sont empêtrés, emmêlées dans le désordre d’une attente grandissante, ignorant ce qui les attends réellement. La masse bouge comme un cœur qui pompe la vie, l’aorte étant NIN, le sang; la rage. La tension augmente, tension sexuelle, raideurs corporelles, pulsions charnelles, bestiales… oui bestiale. Voilà bien le message que Trent souhaitait nous transmettre. Bestiaux que nous sommes, animaux sauvages, transmis par le biais d’une musique flagrante, vomissant son dégoût dans la déchéance, et nos corps qui viennent et se déchaînent sous la clameur sulfureuse à la vue de notre grossière et insoutenable humanité.

Il y a tant de rage de sexe, de sexe rageux, de hurlements colériques, de hargnes démentes, de fenêtres sur notre individualité, sur notre société putride depuis toujours capitaliste dans ses racines, de nos êtres socialement acceptable. « Premier arrivés, premier servis » compétitions, société despotique où le plus fort l’emporte… ou le plus riche. Nous nous regardons, nous nous jugeons, nous nous détestons et par-dessus tout nous nous désirons. Tient ça me rappelle une chanson de Fabienne Thibault qui jouait sur les ondes radiophoniques dans mon enfance « Les uns contre les autres ». Si nous ne ressentions pas toute cette pudeur cadavériquement propre, je me serais mise nue et j’aurais copulée le plus férocement possible jouissant un flot d’obscénités sur notre laideur sociétale.

Le trash était malade, c’était comme si tous nos corps faisaient partis du même espace, tous collés faisant partie les uns des autres, sans aucune limite, aucune restriction, aucune morale : de vrais animaux cicatrisés dans le pue de notre plaie commune. Nous avons ôtés nos masques pour quelques heures, montrer à tous ce que nous sommes réellement, à quel point nous sommes d’hideux singes, des bêtes irrespectueuses et tortueuses. La seule espèce exploitant son semblable et toutes autres formes de vies. Qui a dépassé le stade de la survie pour s’enliser, s’aliéner dans des buts inatteignables, autodestructibles et insipides afin de mener une existence terne et fade. Errant sans finalités quelconques dans un cercle vicieux à la recherche du capital assassin qui nous infliges et nous rancis.

C’est une musique saisissante pleines d’émotions décadentes qui remplace le contrôle de soi par des impulsions dépravées et des perceptions différant de la réalité. Physiquement, c’était une prise de conscience de son environnement et de son corps. C’était vif, c’était sentir qu’on contrôle notre existence ou tout simplement qu’on existe, qu’on respire, que tout ce joue maintenant dans le moment présent. Je sentais le sang couler dans mes veines et battre à mes tempes l’appétence de l’envie. L’envie de prendre, de posséder, de vivre, d’exister, de subsister et d’être.

C’est un show ou plutôt un état qui corresponds exactement à ce que je suis; dégoûtée de ma propre existence et de l’humanité en général ainsi que totalement excités par ces indécences qui déclenche chez moi des sentiment réprobateur de répugnance et d’aversion.

Images de coupes à blanc, de bourgeois sereins nous chuchotant de nous taire, de bombes, de guerres, la consommation, la production, l’économie. De beaux parallèles avec les animaux si peu différent de nous… Ces images défilaient sur une complainte progressive et inspirante. Les montages vidéos étaient très intéressant et nous révélaient toute la profondeur d’une musique trop souvent jugé comme teenage en crise. Il y a raison d’être en crise et ce constamment, vue la société dans laquelle nous régressons, vue l’état de la planète que nous détruisons.

Nous complaire? Une solution?
NON
critique du show de NIN au centre bell le 11 novembre 2005