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Title:Lettre à Jean Charest
Posted On:2007-03-27 16:04:23
Posted By:» Marie-Gazelle
Views:1880
Montréal, 27 mars 2007
M. Charest,

Je m’appelle Marie-Andrée, je suis une étudiante de 23 ans et je suis souverainiste. Bien évidemment, vous devinez que je n’ai pas voté pour votre parti aux dernières élections, mais là n’est pas le sujet de cette lettre. Mes concitoyens québécois, que je respecte et aime de tout cœur, vous ont élu démocratiquement et ont confié à votre parti la lourde tâche de gouverner le Québec. Je respecte ce choix et vous donne ainsi toute ma confiance pour durée de votre mandat.

Si je vous écris, c’est pour vous confier ce qui fait, aujourd’hui, mon plus grand malheur. Je suis une étudiante travaillante, dévouée et une artiste passionnée ; et pourtant, j’ai faim. J’ai faim au sens le plus vrai du mot : je n’ai rien à manger, à me mettre sous la dent. Je me lève chaque matin le ventre vide et sais pertinemment que la situation risque d’être la même le soir, au couché. Durant toute ma vie d’étudiante, j’ai travaillé dure, parfois même trop, pour gagner mon pain et payer mes études. Malgré ma situation, je ne reçois qu’un maigre montant de prêts et de bourses qui couvre environ le quart de ce qu’il me faut pour me loger et me nourrir. Ainsi, je dois consacrer plus de temps à mon travail qu’à mes études, pour ensuite apprendre que l’année suivante sera encore plus maigre en aides financières : j’ai trop travaillé! Comment puis-je travailler trop si, sans ce travail, je ne peux pas manger? Mes parents, d’une générosité sans limite, m’aident quand ils le peuvent, mais ne parviennent trop souvent qu’à me nourrir de « je t’aime ». Comment pensez-vous qu’une étudiante comme moi pourrait survivre à une hausse des frais de scolarité, même minime, puisque ma réalité et celle de bien d’autres exigeraient de les voir diminuer ?… Je n’aurais qu’une seule solution : l’abandon. L’abandon de mes cours, de mes ambitions et de mes rêves.

M. Charest, avez-vous déjà ressenti ce creux au ventre, cette amertume dans la bouche et cet étourdissement que l’on vit, après une journée de travail et d’étude sans manger? Je ne vous écris pas pour vous blâmer ou vous juger. Je ne suis qu’une étudiante éreintée qui voudrait bien que quelqu’un comme vous comprenne la passion qui lui permet de, jour après jour, se présenter malgré tout sur le seuil de son Université. Je ne suis qu’une jeune fille qui voudrait bien qu’un jour des gens comme vous agissent, lèvent la main bien haute et disent à leurs enfants : « Nous vous aimons, vous comprenons et allons tout faire ce qui est en notre pouvoir pour vous permettre de réaliser vos rêves ». Diriger ses enfants vers l’abandon et le désespoir, voilà une action indigne d’un père.

Je suis jeune et naïve. J’ose croire que vous lirez réellement cette lettre et que ce ne sera pas un fonctionnaire qui me répondra. J’ose croire que vous sentirez réellement le cœur et l’espoir que je mets dans ces mots. J’ose croire que vous me répondrez en action et non en mots inutiles qui ne me nourriront en rien. J’espère en vous un soutient réel et une compassion sans limite. J’espère que vous penserez à moi, demain, à l’heure du souper.

Merci de tout cœur,

Marie-Andrée
Member Comments
» Magmatix said @ Tue Nov 13, 2007 @ 5:22pm
As tu recu une reponse ! Une bonne reponse !! Si tu n'as rien obtenue me permets tu de lui renvoyer ta lettre mamzelle gazelle !! TOOUT pleins de monde toutes les semaines en vaudrait encore plus la peine !!!!!
» geox said @ Tue Jul 10, 2007 @ 3:27pm
bonne chance a toi quand meme. je te souhaite de trouver un moyen de poursuivre tes reves et ambitions. comme a tous d'ailleurs.
» TabarnakDeCalis said @ Mon Jun 25, 2007 @ 9:52pm
Excellent travail, merci.
» Marie-Gazelle said @ Fri Mar 30, 2007 @ 2:46pm
t'as tout compris!!!!! c'est tellement ça!!!!
» Erzsebet said @ Fri Mar 30, 2007 @ 12:07am
lolll plutôt ironique comme façon de commencer cette lettre... "Papa, on ne choisit pas ses parents, mais si j'avais pu m'en choisir un, ça n'aurait pas été toi, mais un bien différent. Considérant ceci, on fait avec ce qu'on a, c'est la vie... me donnerais tu 20$?"