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Title:GINKGO BILOBA : l'arbre aux mille écus
Posted On:2006-12-19 15:56:34
Posted By:» Magmatix
Views:2222
Je suis né par un matin de printemps, au beau milieu d'une immense forêt, il y a très longtemps...
...Il y a 200 millions d'années.


Lorsque j'ouvris les yeux, je découvris un monde totalement vert, peuplé d'une multitude de plantes et d'arbres. La végétation était si opulente que tous les animaux trouvaient largement de quoi se nourrir.


J'aimais beaucoup la compagnie des dinosaures: lourds et majestueux , ils étaient les rois de la forêt. Les plus grands venaient se régaler de mes tendres feuilles, puis, leur festin achevé, jouaient autour de moi avec leurs petits.


Ceux qui savaient voler bâtissaient leurs nids dans mes branches, et lorsque leurs bébés avaient sommeil, je les berçais doucement.


Quelquefois, des dinosaures aux dents tranchantes comme des couteaux venaient chasser par ici, et la forêt toute entière résonnait des cris et des grognements des ces terribles monstres.


Moi, je ne craignais rien, car ils ne s'attaquaient pas aux arbres, mais je protégeais mes amis en les cachant dans mes branches où derriere mon énorme tronc. Lorsqu'enfin ils repartaient, nous faisions la fête et chantions toute la nuit.



Chaque soir, j'admirais la Lune et les étoiles dans le ciel, offrant mon feuillage à la douce caresse du vent. Et chaque matin, je regardais le Soleil se lever, annonçant un jour radieux, pareil à tous les autres.


J'étais heureux, et je croyais que cela durerait éternellement...


Un jour pourtant, au beau milieu de l'après-midi, le ciel s'obscurcit brutalement. Plongé dans le noir, j'entendis un fracas assourdissant, comme si une étoile s'était abattue sur nous.


Puis un grondement sourd monta du ventre de la Terre et le sol se mit à trembler sous mes pieds.


Enfin le calme revint et ce fut le silence. Un silence absolu dans une obscurité complète. Le ciel restait désespérément noir, sans Lune, sans étoiles, sans Soleil. Et personne à qui parler! Je me sentais seul, terriblement seul.


Je ne sais pas combien de temps cela dura, mais un jour, le Soleil réapparut. Il se leva sur un monde dévasté, où je découvris que bien peu de plantes et d'animaux avaient survécu. Mes amis les dinosaures avaient disparu!


Puis le temps reprit son cours. La végétation se renouvela, mais elle était différente: une multitude de plantes nouvelles se développèrent , et certaines, par un matin de printemps, se recouvrirent de taches blanches, roses, rouges et jaunes. C'était des fleurs, et je n'avais rien vu d'aussi beau.



Des animaux que je ne connaissais pas vinrent se délecter de mes feuilles ou jouer autour de moi. Ils se mutiplièrent et repeuplèrent la Terre.

Peu à peu, le cycle naturel de la vie fit rentrer les choses dans l'ordre.


Un jour, je découvris à mes pieds un animal bien étrange. Il marchait sur ses deux pattes postérieures et se servait de ses deux pattes antérieures pour cueillir des fruits et les porter à sa bouche. Il avait l'air très pacifique, et nous nous sommes vite liés d'amitié.


Je l'appelais :Homme.
En raison de la forme de mes feuilles, il me nomma " pattes de canard ". dans sa langue, cela se prononce : GINKGO.



Quelque temps plus tard, il me présenta sa compagne, la femme: un être gracieux aux longs cheveux noirs.



Un jour, l'Homme se mit à construire des cités pour y vivre. Il pensait que j'étais capable de chasser les mauvais esprits et d'attirer les génies bienveillants, c'est pourquoi il décida de m'y planter avec quelques uns de mes enfants, autour d'un lieu sacré qu'il appelait temple.


Le temple était un édiifice en bois, magnifiquement sculpté et décoré, un lieu paisible d'où s'échappaient des volutes d'encens, mêlées aux chants des hommes.


Un jour, pourtant, un immense incendie qui avait ravagé la forêt toute la nuit durant, s'approcha à toute allure.


Mais le feu, tel un monstre que rien n'arrête, arriva jusqu'à nous, et les hommes s'enfuirent. Il brûla toutes les maisons et les arbres, puis s'approche de l'enceinte sacrée.


Alors, j'ai déployé mes branches aussi largement que je pus afin de lui barrer la route. Et, oh miracle, je ne pris pas feu.


L'incendie eut beau s'acharner sur moi, tenter de me ronger avec ses grosses flammes, rien n'y fit, je n'ai pas brûlé.


Mieux encore: j'ai si bien résisté que je l'ai empêché d'atteindre le temple.


A leur retour, les hommes furent supéfaits de constater que j'avais protégé leur sanctuaire, et que j'étais encore là, intact, au beau milieu d'un désert de cendres. Alors, ils décidèrent que je serai désormais un arbre sacré et plantèrent mes enfants dans le pays tout entier. Personne n'avaient le droit de toucher à la moindre de mes feuilles, j'étais aimé et respecté.



A l'automne, lorsque mes feuilles passaient du vert pâle au jaune éclatant, comme si j'étais recouvert d'une multitude de pièces d'or, ils me contemplaient pendant des heures.


C'est ainsi qu'ils me nommèrent:
L'ARBRE AUX MILLE ECUS;


Quelque fois, les hommes se blessaient ou tombaient malades. Et lorsqu'ils vieillissaient, leur santé devenaient souvent plus fragile. C'est pourquoi ils se mirent à observer la nature.


Ils y cherchaient les signes cachés qui leur indiqueraient avec quelles plantes ils pourraient se soigner.


Car la nature est un grand livre, et celui qui sait l'observer, l'écouter et la respecter, peut comprendre son langage.


C'est ainsi que les hommes, qui m'avaient observé avec amour et attention pendant tant et tant d'années, comprirent que je pourrais être utile à leur santé.


Ils constatèrent que mes feuilles avaitent la forme du coeur humain, c'est pourquoi ils les utilsèrent pour préparer des remèdes. Efectivement, je protège leur coeur et surtout les vaisseaux qui transportent le sang.


Puis, voyant que je sais vivre très longtemps, tout en restant toujours en pleine forme, ils pensèrent que je pourrais les aider à bien vieillir.


Effectivement, je protège leur santé lorsqu'ils avancent en âge, et leurs permets de mieux se concentrer et de garder leur mémoire intacte.


Ils me demandèrent la permission d'utiliser mes feuilles, et j'accceptai avec un immense plaisir. Plus que jamais, je devins à leurs yeux un arbre vénérable, et leur amour me nourrissait autant que les rayons du Soleil.


Un jour pourtant, j'entendis les hommes parler d'un ton grave de quelque chose qu'ils semblaientt craindre énormément. Ils appelaient cela la guerre. Ils ne s'allongeaient plus à mes pieds pour se reposer.



Ils ne jouaient plus, ils ne riaient plus.



Par un matin d'été, j'entendis dans le ciel le vombrissement menaçant d'un avion qui s'approchait de la ville. Il cracha un gros objet, sombre et brillant, qui tomba droit sur nous.



Aussitôt, le ciel s'illumina, comme embrasé par un énorme feu d'artifice, et un gigantesque champignon gris apparut, si énorme qu'on pouvait le voir à des kilomètres à la ronde.



La champignon vénéneux fit des ravages épouvantables, et lorsqu'il disparut, la ville n'était plus que désolation.
( HIROSHIMA )


Moi, j'étais juste à côté de l'endroit où la bombe a explosé. Dans la ville en ruine, à la place de l'arbre majestueux que j'étais autrefois, les hommes ne trouvèrent plus qu'une souche calcinée.



Ils pensèrent que j'étais mort et furent très tristes d'avoir perdus leur plus vieil ami.


Mais je m'étais seulement endormi...



...Et au printemps suivant, je m'éveillai de mon sommeil et me mis à repousser avec vigueur.



Alors, les hommes fêtèrent mon retour et la paix retrouvée. Ils reconstruisirent la ville et pansèrent leurs blessures. Peu à peu la vie reprit son cours.

Aujourd'hui, l'Homme m'a planté dans tous les pays de la terre où le climat me convient.



Je vis dans les parcs, les forêts, et les jardins. Souvent, les enfants viennent jouer dans mes puissantes basses branches, en riant et criant à tue-tête:
Ginkgo ! Ginkgo !



La planète bleue a beaucoup changé depuis que je suis né. Elle est toujours aussi merveilleuse, mais elle souffre d'une maladie qu'on appelle la pollution.


Le sol est recouvert de béton et de goudron, et , par endroits, la mer charrie de grosses nappes noires et gluantes.


L'eau contient des poisons dangereux et les pluies sont de plus en plus acides.
L'air est chargé de produits toxiques et le vent pousse péniblement de gros nuages noirs et sales.


Tout cela est mauvais pour la santé des êtres vivants. Beaucoup d'espèces de plantes et d'animaux ont disparu, et d'autres ont du mal à survivre.


Quand à l'homme, il commence à chercher des solutions pour protéger la Terre, et depuis qu'il a découvert que je purifie l'air, il plante des Ginkgos partout dans les villes, le long des avenues.


A l'automne, je dépose à mes pieds mes milliers de feuilles d'or, en guise de message de sagesse et d'amour. Car depuis 200 millions d'années, je suis resté intact et rien ne semble vouloir m'atteindre.


Chaque soir, j'admire la Lune et les étoiles dans le ciel, offrant mon feuillage à la douce caresse du Vent.


Et chaque matin, je regarde le Soleil se lever, annnonçant un jour radieux , pareil à tous les autres.


Je suis heureux, et j'espère que cela durera éternellement...
Member Comments
» folie said @ Sat Apr 14, 2007 @ 12:24am
:)*
» Rebelle said @ Wed Jan 3, 2007 @ 3:38pm
C'est beau, j'étais pas capable d'arrêter de lire :) Tu écris merveilleusement xoxox
» AudioPhil said @ Fri Dec 22, 2006 @ 3:23pm
wow, belle fable :)